«Que
tu me donnes un poisson, je me nourris une fois ; que tu m'apprennes à pêcher,
je me nourris toute ma vie» dit le proverbe chinois.
Appliqué
à la formation aux disciplines comptables, cet adage incite aussi bien
les enseignants que les étudiants à accorder autant d'importance sinon
plus au développement des aptitudes à raisonner, à développer
et à exprimer sa pensée qu'à la simple accumulation des
connaissances ; l'idéal étant de satisfaire aux deux objectifs à la
fois.
Ce
qui est caractéristique d'un enseignement qui forme à l'intelligence,
c'est qu'il apprenne à l'étudiant à apprendre, faire que sa tête
soit bien faite avant d'être bien pleine. Ainsi, vous continuerez à
apprendre après vos études, tout au long de votre carrière pour ne
pas dire tout au long de votre vie.
Passer
de celui qui reçoit de façon plus ou moins passive (pour reprendre une
image caricaturale mais largement répandue - le récipient vide - l'étudiant
- qui se laisse remplir par le tonneau plein - l'enseignant -) à celui
qui entreprend d'aller vers la connaissance, la capturer, l'analyser, la
synthétiser, en saisir les concepts fondamentaux, les règles, les
avantages et limites, le tout avec un bon esprit critique adéquat et bien
mesuré, voici une des clés du succès durable pour toute personne qui
cherche à acquérir, au delà du diplôme, une véritable compétence.
Aujourd'hui,
personne ne peut dire de quelles connaissances aura besoin un
expert-comptable dans 10 ans. Aussi, est-il sage de considérer que
l'apprentissage le plus important pour que vous soyez toujours apte à
satisfaire aux exigences futures de votre futur métier n'est autre que
l'aptitude à apprendre.
«L'assimilation
de technologies et de connaissances scientifiques en renouvellement
constant exige une faculté d'adaptation et une volonté de savoir que les
systèmes éducatifs doivent promouvoir» nous dit le directeur de
l'office d'analyse et de prévision à l'Unesco dans une importante étude
publiée dans la revue Futuribles de février 2000 - Jérôme Bindé. Et
il ajoute que «Désormais importe moins l'accumulation des connaissances
que le développement des facultés d'apprentissage. Il s'agit moins
d'apprendre que d'apprendre à apprendre.
On
connaît ce mot d'un enfant à un éducateur, rapporté par le
psychanalyste Bruno Bettelheim : «apprends-moi à faire tout seul». Cela
est d'autant plus essentiel que la plupart des experts en prospective
pronostiquent une grande «volatilité» des métiers ; on ne peut savoir
avec exactitude quels seront les métiers porteurs dans 10 ou 20 ans».
L'objectif
et cette page est de vous suggérer à vous, étudiant, quelques conseils
qui me paraissent de nature à vous élever au plus haut niveau de
l'excellence aussi bien pendant vos
études que lors de l'exercice de la profession d'expert-comptable à
laquelle vous aspirez.
I.
La nécessité d'avoir une bonne hygiène d'esprit et de commencer le plutôt
à semer les germes de votre réussite
Les
éléments constitutifs du capital d'un travailleur intellectuel sont :
(1)
son état d'esprit (positif, appliqué, loyal, optimiste mais
lucide, etc...),
(2)
son aptitude à vivre avec les autres (sincère, respectueux des autres,
coopératif, soucieux de l'intérêt commun, attaché à l'éthique,
discret et confident, etc...),
(3)
son professionnalisme (savoir, connaissances, diligence et
habileté professionnelles, respect des valeurs de la profession et
strict attachement au secret
professionnel),
(4)
et sa culture.
Les
indicateurs de succès ne sont pas uniquement financiers, car si l'argent
est bon serviteur, il s'est souvent révélé mauvais maître. Ils sont
aussi, et peut être davantage, qualitatifs.
II.
Conseils pour bien réussir vos études
Tout
d'abord, je ne saurai trop insister sur l'importance d'une maîtrise
suffisante de la langue d'apprentissage.
L'étudiant
qui ne maîtrise pas sa langue d'apprentissage réduit, dans certains cas
de façon grave, sa capacité d'intelligence et de mémorisation et ses
aptitudes de compréhension et de maîtrise des enseignements reçus.
"Tout
est dans le vocabulaire, disait Alain, et qui n'a pas réfléchi sur le
vocabulaire n'a pas réfléchi du tout".
Lavoisier,
illustre auteur d'un traité de chimie, présentait le poids de la
maîtrise de la langue sur l'apprentissage des sciences ainsi : "nous
ne pensons qu'avec le secours des mots, les langues sont de véritables
méthodes analytiques. L'algèbre la plus simple, la plus exacte et la
mieux adaptée à son objet est à la fois une langue et une méthode
analytique. Enfin, l'art de raisonner se réduit à une langue bien
faite" (1)
Plus
vous avancerez dans vos études, plus vous constaterez le poids
grandissant de la langue d'apprentissage sur vos performances académiques.
Au
fur et à mesure, les examens sensés porter exclusivement sur un domaine
technique ou scientifique deviennent aussi des examens littéraires.
Ainsi,
pour qu'un travail intellectuel soit bien considéré, en plus de ses
qualités de fond, il faut qu'il soit aussi bien soigné dans la forme
avec une belle rédaction et une belle écriture.
Ensuite,
quel que soit votre niveau d'intelligence, devriez-vous considérer que la
réussite nécessite que vous vous appliquiez suffisamment.
Il
convient pour ce faire d'admettre le postulat suivant : la réussite c'est
90% de persévérance et 10% d'intelligence. Bien entendu, l'intelligence
est utile voire nécessaire mais l'application au travail reste la
condition clé de toute réussite durable. En fait, c'est votre persévérance
qui fait fructifier votre intelligence.
On
considère que l'apprentissage passe par une progression en trois étapes
:
1) La découverte (découvrir).
2) L'assimilation (comprendre).
3) La maîtrise (maîtriser).
Sur
la base de ce qui précède, puis-je vous suggérer une méthodologie que
vous pouvez adapter en fonction de votre expérience personnelle. La méthodologie
proposée est une méthodologie parmi plusieurs possibles. Tout compte
fait, toute méthodologie que vous aurez retenue sera la bonne dès lors
qu'elle vous aide à réaliser vos objectifs de réussite.
(1)
Préparer les cours à l'avance :
Il
convient d'admettre qu'une bonne façon pour assimiler un cours est de le
préparer à l'avance. Ainsi, l'étudiant va en cours pour préciser ses
connaissances, résoudre les difficultés et non découvrir des
connaissances pour la première fois.
Ceux
qui découvrent en classe et révisent ensuite maîtrisent généralement
moins bien leurs matières que ceux qui révisent voire précisent et
approfondissent leurs connaissances en classe.
Aussi,
l'étudiant qui veut atteindre un bon niveau doit-il inverser
l'ordonnancement usuel en préparant les cours avant de les recevoir.
Pour
ce faire, l'étudiant doit disposer d'une bonne documentation.
La
documentation : La qualité de la préparation personnelle repose
essentiellement sur la qualité de la documentation utilisée.
Mais
si une documentation trop légère ne permet pas une préparation sérieuse,
une documentation trop large disperse l'étudiant et risque de réduire,
paradoxalement, son efficacité.
Aussi,
l'étudiant, aidé par ses enseignants, doit-il rechercher une
documentation essentielle qui couvre le programme et permet de faire le
tour des problèmes étudiés.
(2)
Faire beaucoup d'exercices et s'entraîner à partir des épreuves
d'examen des années antérieures :
-
Simuler les contraintes de l'épreuve.
Une
bonne préparation ne peut se limiter à de simples lectures même
assorties de résumés bien faits.
Il
faut s'exercer à l'épreuve à la manière d'un sportif préparant la
compétition. Il faut exécuter le maximum d'exercices et des cas d'examen
de préférence ; le tout dans des conditions proches de celles de l'épreuve
réelle.
-
Corriger les exercices en vous notant (seul ou en groupe).
Le
travail en groupe permet généralement une meilleure efficacité lors de
la correction des exercices d'entraînement. Chaque élément du groupe prépare
l'exercice tout seul dans des conditions semblables à celles de l'examen,
le groupe procède à une correction collective ensuite et, éventuellement,
vous vous échangez vos copies pour les corriger.
Cette
méthode de simulation (épreuve-correction) présente un avantage
remarquable puisqu'elle vous permet de vous mettre à la place du
correcteur de l'examen.
(3)
Commencer la préparation des examens très tôt :
Planifier
cette préparation sur l'ensemble de la période de temps disponible. Une
bonne préparation à l'examen commence le jour de la rentrée.
Il
faut avoir conscience que le temps est une source limitée, il faut savoir
exploiter le temps disponible en début d'année.
(4)
Ne négliger aucune matière :
- Les matières sont généralement
interdépendantes.
- Les petits coefficients font
la différence et sont généralement déterminants pour la réussite.
(5)
Ne jamais se décourager et s'imposer de bien comprendre avant d'avancer :
L'étudiant
ne doit jamais se laisser décourager. S'il est normal qu'il ressente à
un moment ou à un autre, généralement au début, qu'une matière est
difficile, il faut qu'il s'accroche pour ne pas la laisser lui échapper définitivement.
En
s'appliquant, tout ce qui vous paraissait éventuellement incompréhensible
au départ devient facile et évident.
Une
règle d'or consiste à ne pas laisser des points d'ombre. Le bâclage se
paie tôt ou tard.
Qu'en
est-il du travail en groupe ?
L'essentiel,
créez-vous un environnement qui favorise votre épanouissement. Optez
pour la solution qui emporte votre préférence.
Néanmoins,
et en règle générale :
-
Le travail en solitaire semble plus approprié pour la lecture, assortie
de résumé et la révision des cours.
-
Le travail en groupe permet généralement une meilleure efficacité pour
la correction des exercices d'entraînement et l'éclaircissement des
questions difficiles.
Et
dans tous les cas, rappelez-vous que le jour de l'examen, vous serez tout
seul face à votre copie.
III.
Enfin, il ne faut jamais perdre de vue l'essentiel : préserver vos équilibres
personnels
(1) Votre santé
:
Votre
santé est votre bien le plus précieux (bien gérer et préserver sa santé
est une priorité absolue).
La
santé est la ressource la plus limitée pour un individu, il ne faut
jamais la dilapider.
Avoir
la meilleure forme physique possible nécessite un mode de vie équilibré
en évitant notamment tout excès, en adoptant la pratique d'un sport et
un état d'esprit positif et optimiste.
(2) L'équilibre psychologique
:
Notamment
se créer les conditions d'être satisfait de soi-même, avoir confiance
en soi et se donner les moyens d'avoir confiance en soi, être
convaincu de son aptitude à réussir et réaliser ses objectifs.
(3) Votre caractère :
Votre
caractère est l'un des principaux attributs de votre richesse humaine.
Plus une personne développe une pensée positive et le respect réel des
autres, plus elle développe une vie sociale riche.
Pour
bien maîtriser vos traits de caractère, sachez que si la nature pousse
à la reproduction des caractères des personnes qui ont eu une influence
sur vous, l'intelligence aide néanmoins à corriger les aspects négatifs
du caractère hérité ou développé jusque là de façon inconsciente.
(4) Avoir une vie sociale équilibrée
:
Il
est important de perfectionner son savoir vivre en société, avec ses
amis et camarades, avec ses professeurs, avec sa famille, etc....
En
tous ces éléments, il est fondamental de connaître ses limites, de les
accepter et de faire avec si on ne peut pas les améliorer.
Les
équilibres personnels favorisent la capacité de concentration
intellectuelle et la capacité de travailler.
Je
ne saurai terminer ces conseils sans vous dire à quel point je suis fier
des étudiants en expertise comptable. Je suis persuadé que nombreux ceux
qui feront des études très brillantes et seront des professionnels de très
haute compétence.
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(1)
LAVOISIER, Oeuvres, tome I, pages 1 et 2.