NC 20 Norme comptable relative aux dépenses de recherche et de développement
Objectif
01.
De plus en plus d’entreprises dépensent des sommes importantes en vue
d’améliorer leurs produits actuels et de faire des recherches pour développer
de nouveaux produits. Dans bien des cas les montants engagés dans les
activités de recherche et développement représentent une proportion
importante du chiffre d’affaires et du bénéfice de l’entreprise. 02.
La question fondamentale se rapportant à la comptabilisation de ces dépenses
est de déterminer la nature de leurs avantages futurs afin de décider
si elles doivent être comptabilisées comme charge de l’exercice ou
s’il y a lieu de les rapporter comme actif. 03.
Pour les utilisateurs externes des états financiers, l’information
sur les dépenses de recherche et développement est un facteur
important dans leur processus de décision notamment en ce qui concerne
l’évaluation des performances actuelles et futures, l’évaluation
de la compétitivité de l’entreprise et de son potentiel de survie et
de croissance. Du point de vue des utilisateurs, il est important
d’assurer la comparabilité de l’information divulguée dans les états
financiers sur ces activités. 04.
L’objectif de la présente norme est de prescrire les règles
relatives à la comptabilisation et la présentation des dépenses de
recherche et de développement engagées par l’entreprise. Champ d'application05.
La présente norme ne s’applique pas aux activités particulières
suivantes : a. Les travaux de recherche et de développement effectués, sous contrats, pour le compte de tiers avec des arrangements tels que les risques et avantages associés aux activités de recherche et développement sont ou seront transférés à l’entreprise tierce. Cette dernière, en assumant les risques et bénéficiant des avantages, comptabilise ces dépenses conformé-ment à la présente norme. Dans le cas où les risques et avantages découlant du contrat ne sont, ni ne seront transférés à des tiers, l’entreprise menant les activités de recherche et de développement en comptabilisera les frais correspondants conformément à la présente norme. b. Les dépenses de prospection et de développement des gisements de pétrole, de gaz et de minerais dans les industries extractives. Toutefois la norme s’applique aux dépenses de recherche et développement engagées par les entreprises opérant dans ces secteurs, et dont la nature est comparable aux activités de recherche et développement des autres entreprises. Définitions06.
Dans la présente norme, les termes ci-dessous ont le sens suivant : La
recherche est une investigation originale, conduite systématiquement,
dans la perspective d’acquérir une compréhension et des
connaissances scientifiques ou techniques nouvelles. Le
développement est la mise en application de résultats de recherche ou
d’autres connaissances acquises, à des projets ou à la conception en
vue de la production de matériaux, d’appareils, de produits, de procédés,
de systèmes ou de services nouveaux ou fortement améliorés, avant le
commencement d’une production ou d’une utilisation commercialisable. 07.
A titre d’exemple les activités qui, normalement, font partie de la
catégorie «recherche» sont : a.
les activités visant à acquérir des connaissances nouvelles ; b.
la recherche d’applications pour les résultats de recherche ou
d’autres connaissances ; c.
la recherche d’autres produits ou procédés possibles ; et d.
la formulation et la conception d’éventuels autres produits ou procédés
nouveaux ou améliorés. 08.
A titre d’exemple les activités qui, normalement, font partie de la
catégorie «développement» sont : a.
essais visant à la découverte ou à la mise à l’épreuve de
nouveaux produits ou procédés ; b. la conception, la construction et la mise à l’essai de prototypes et de modèles de démarrage ; c.
la conception d’outils, de modèles, de moules et de matrices faisant
intervenir de nouvelles technologies ; d.
la conception, la construction et l’exploitation d’une usine pilote
d’une taille non économiquement suffisante pour la production
commerciale. 09.
Il est possible de rencontrer des activités qui peuvent être en étroite
relation avec les activités de recherche et de développement mais qui
ne sont ni des recherches ni du développement ; parmi ces activités
figurent par exemple les suivantes : a.
suivi technique au cours de la toute première phase de production
commerciale ; b.
contrôle qualité au cours de la production commerciale, y compris les
tests de routine sur les produits ; c.
interventions liées à des pannes survenant au cours de la production
commerciale ; d.
efforts de routine pour affiner, enrichir ou améliorer d’une manière
quelconque les qualités d’un produit existant ; e. adaptation d’une capacité existante à une exigence particulière ou au besoin d’un client dans le cadre d’une activité commerciale continue ; f.
modifications de conception saisonnières ou périodiques des produits
existants ; g.
conception de routine d’outillage, moules, matrices et coquille de
moulage ; h.
activités relatives à la conception, à la construction, au déménagement,
au réajustement ou à la mise en service des installations et équipements
autres que ceux utilisés exclusivement pour un projet particulier de
recherche et de développement. 10.
La définition des mots recherche et développement n’englobe pas les
travaux de nature courante ou publicitaire effectués dans le cadre d’études
de marché. Eléments constitutifs des dépenses de recherche et de développement11. Les dépenses de recherche et de développement doivent comprendre tous les coûts qui sont directement imputables aux activités de recherche et de développement ou qui peuvent être affectés de façon raisonnable à de telles activités. 12.
Les dépenses de recherche et de développement comprennent le cas
échéant : a.
le coût des matières et services consommés dans la recherche et le développement
; b. la rémunération du personnel prenant part directement aux travaux de recherche et de développement et les frais connexes ; c.
l’amortissement du matériel et des installations, dans la mesure où
ils sont utilisés pour la recherche et le développement ; d.
une imputation raisonnable des frais généraux ; cette imputation se
fait selon des formules semblables à celles qui sont utilisées pour
l’imputation des frais généraux aux coûts de production des
produits finis ; e.
l’amortissement d’éléments d’actif incorporels, dans la mesure où
ces derniers sont reliés à la recherche et au développement. C’est
le cas des brevets ou des licences acquis auprès des tiers pour les
besoins de la recherche et du développement. Sont
exclus des coûts : i.
les frais généraux administratifs ou commerciaux à moins qu’ils
pourraient être attribués directement à la préparation du procédé
avant d’être utilisé ; ii.
les déficiences et les pertes d’exploitation initiales clairement
identifiées avant que le procédé ne réalise les performances prévues
; iii.
les frais de formation des employés à l’utilisation du procédé. Prise en compte des dépenses de recherche et de développement13.
L’affectation aux différents exercices des dépenses de recherche et
de développement est réalisée en fonction de la relation entre ces dépenses
et les avantages économiques attendus par l’entreprise de ces activités
de recherche et de développement. Lorsqu’il est probable que ces dépenses
donneront lieu à des avantages futurs et si elles peuvent être mesurées
de façon fiable, elles ont qualité pour être inscrites à l’actif. 14.
De par sa nature, la recherche ne donne pas lieu à une certitude
suffisante que des avantages futurs seront réalisés à la suite de dépenses
spécifiques. En conséquence, les dépenses de recherche sont
comptabilisés dans les charges de l’exercice au cours duquel elles
sont encourues. 15.
La nature des activités de développement est telle que, le projet étant
plus avancé que dans la phase de recherche, l’entreprise peut dans
certains cas déterminer la probabilité de recevoir des avantages
futurs. En conséquence, les dépenses de développe-ment sont inscrites
à l’actif lorsqu’elles répondent à certains critères indiquant
qu’il est probable que ces dépenses donneront lieu à des avantages
futurs. Les dépenses de recherche16. Les dépenses de recherche doivent être comptabilisées dans les charges de l’exercice au cours duquel elles sont encourues et ne doivent pas être inscrites à l’actif rétroactivement. 17.
La recherche peut être considérée comme faisant partie d’une
fonction continue que l’entreprise doit exercer pour maintenir ses
activités et demeurer concurrentielle. Dans la plupart des cas, les
avantages qui découleront de la recherche dans les exercices futurs
seront diffus et, habituelle-ment, on ne peut prévoir ni l’importance
de ces avantages ni la période au cours de laquelle ils se matérialiseront.
Comme, en général on ne peut déterminer que tel exercice plutôt que
tel autre recueillera le fruit d’un montant investi dans la recherche,
il convient d’imputer aux résultats de l’exercice au cours duquel
elles sont engagées, les sommes consacrées à la recherche. Les dépenses de développement18.
Normalement lorsqu’on entreprend des travaux de développement,
c’est que l’on estime avoir d’assez bonnes chances d’aboutir à
un succès commercial et à des avantages futurs découlant soit d’une
augmentation du chiffre d’affaires soit d’une réduction des coûts.
De là, on peut avancer qu’il y a lieu de capitaliser les dépenses de
développement afin de les amortir au fur et à mesure de la matérialisation
des avantages escomptés. 19.
Les avantages futurs sont plus ou moins incertains selon les projets de
développe-ment et, dans bien des cas, ils sont trop hypothétiques pour
que la prise en compte à l’actif des dépenses de développement soit
justifiée. 20.
Les dépenses de développement d’un projet doivent être
comptabilisées dans les charges de l’exercice au cours duquel elles
sont encourues, à moins que les critères d’inscription à l’actif
identifiés au paragraphe suivant soient satisfaits. Les
dépenses de développement comptabilisées à l’origine en charges ne
peuvent pas être rétroactivement inscrites à l’actif. 21.
Les dépenses de développement d’un projet doivent être inscrites à
l’actif lorsque l’ensemble des critères suivants sont satisfaits : a.
le produit ou le processus est clairement identifié et les coûts
imputables à ce produit ou à ce procédé peuvent être individualisés
et mesurés de façon fiable ; b.
la possibilité technique de fabrication du produit ou du procédé peut
être démontrée ; c. l’entreprise a l’intention de produire et de commercialiser, ou d’utiliser le nouveau produit ou procédé ; d.
l’existence d’un marché potentiel pour ce produit ou ce procédé
ou, s’il doit être utilisé au niveau interne et non pas vendu, son
utilité pour l’entreprise peut être démontrée ; e.
des ressources suffisantes existent, et leur disponibilité peut être démontrée,
pour compléter le projet et commercialiser ou utiliser le produit ou le
procédé. 22.
Les dépenses de développement d’un projet inscrites à l’actif ne
doivent pas être supérieures au montant qu’il est probable de récupérer
sur des avantages futurs, déduction faite des dépenses de développement
ultérieurs, des charges de production correspondantes et des frais
administratifs et de ventes directement encourus pour commercialiser le
produit. 23.
Les dépenses de développement
imputées aux résultats d’exercices précédents ne doivent pas être
capitalisées même si les circonstances qui justifiaient leur
inscription en charges n’ont plus cours. 24.
L’application des critères d’inscription à l’actif au paragraphe
21 implique une appréciation des incertitudes entourant inévitablement
les activités de développement. De
telles incertitudes sont prises en compte par une attitude de prudence
lors de l’élaboration des jugements nécessaires pour déterminer le
montant des dépenses de développement devant être inscrites à
l’actif. Ce comportement prudent n’autorise pas la sous-évaluation
délibérée des actifs. 25.
On ne doit commencer à capitaliser les dépenses de développement afférentes
à un projet donné qu’à partir du moment où les conditions nécessaires
à la capitalisation sont simultanément remplies. Amortissement des dépenses de développement26. Les dépenses de développement inscrites à l'actif doivent être amorties sur les exercices futurs. L'amortissement doit avoir pour objectif de réaliser le rapprochement systématique entre ces dépenses et les avantages auxquels elles sont reliées. Afin de réaliser cet objectif, il faut commencer à amortir ces dépenses au moment où l'on commence à commercialiser ou à utiliser le produit ou le procédé, et la méthode d'amortissement devrait être établie en fonction des avantages que l'on compte tirer de la vente ou de l'utilisation du produit ou du procédé. 27.
La relation entre les dépenses de développement et les avantages économiques
que l’entreprise espère en retirer ne peut en général être déterminée
que de façon globale et indirecte en raison de la nature des activités
de développement. Lors de l’amortissement systématique des dépenses
de développement de façon à refléter le modèle de prise en compte
des avantages correspondants, l’entreprise fait référence aux points
suivants : a.
les produits ou autres avantages provenant de la vente ou de
l’utilisation du produit ou du procédé ; b.
la période au cours de laquelle ce produit ou procédé est censé être
vendu ou utilisé. 28.
La date de départ de l’amortissement se situe lors de la mise en
vente ou du début d’utilisation du produit ou du procédé. 29.
Les modalités d'amortissement des dépenses de développement capitalisées
peuvent souvent être déterminées en fonction des prévisions de vente
ou d'utilisation sur lesquelles on s'est fondé pour justifier la
capitalisation. 30.
L’obsolescence technique ou économique crée des incertitudes qui
limitent le nombre d’utilité ou d'exercices à retenir comme base
d’amortissement des frais de développement. De plus, il est en général
difficile d'estimer les coûts supplémentaires et les produits futurs
correspondant à un nouveau produit ou procédé au-delà d’une courte
période. Pour ces raisons, les dépenses de développement sont
normalement amorties sur une période relativement brève avec un délai
maximal de cinq ans. 31.
Dans certaines circonstances, les avantages économiques résultant des
dépenses de développement engagés sont utilisés par l’entreprise
à produire d'autres actifs plutôt que de donner naissance à une
charge. Dans ce cas, l’amortissement des dépenses de développement
comprend une partie du coût de ces autres actifs et figure dans la
valeur comptable de ces autres actifs. A titre d’exemple, les dépenses
de développement précédemment inscrites à l’actif peuvent figurer
dans le coût des stocks produits. Les dépenses de développement
incluses de la sorte dans la valeur comptable des autres actifs sont
constatés en charges en même temps que les autres coûts de ces
actifs. Réduction de valeur32.
A la fin de chaque exercice, on procède normalement à un examen du
solde non amorti des dépenses de développement que l’on a capitalisées.
Cet examen se fait à la lumière de l’évaluation des projets
auxquels ces dépenses se rapportent et il devrait avoir pour but de déterminer
si, pour chaque projet, les conditions qui ont justifié la
capitalisation des dépenses prévalent toujours. S’il existe un doute
à cet égard, on ne devrait pas reporter le solde non amorti sur des
exercices ultérieurs mais le passer en perte immédiatement. Si la
prise en compte à l’actif des dépenses demeure justifiée, il y a
lieu de comparer le solde non amorti des dépenses capitalisées à l’égard
de chaque projet au montant que l’on espère récupérer (revenu
attendu moins frais afférents au projet). Tout excédent de dépenses
non amorties devrait être radié et imputé aux résultats de
l’exercice. 33.
La décision de capitaliser les dépenses de développement et le choix
des modalités d’amortissement sont basés sur le genre d’hypothèses
et d’estimations comptables qu’il est normal d’avancer, même si
des événements ultérieurs risquent de montrer la nécessité de les
modifier. Les
modifications d’estimations comptables ne sont donc pas considérées
comme des corrections d’erreurs, et c’est à juste titre que l’on
comptabilise les effets de ces modifications dans les exercices au cours
desquels de nouvelles informations viennent infirmer les estimations antérieures
et dans les exercices futurs concernés. 34.
Si l’examen de fin d’exercice indique que la capitalisation des dépenses
demeure justifiée, il faudrait également examiner la méthode
d’amortissement afin de déterminer si, compte tenu des nouvelles données
dont on dispose, il y a lieu de réviser les prévisions en matière
d’avantages futurs, ce qui nécessiterait la modification de
l'amortissement futur. 35.
Lorsque l'examen du solde non amorti des dépenses capitalisées d'un
projet donné indique qu'il y a lieu de modifier la méthode
d'amortissement, cette modification ne doit pas être rétroactive. 36.
Les dépenses de développement relatives à un projet doivent faire
l’objet d’une dépréciation dans la mesure où le solde non amorti,
ajouté aux dépenses de développement restant à engager, aux coûts
de production correspondants et aux frais administratifs et commerciaux
directement liés à la commercialisation du produit, ne pourront
probablement plus être couvertes par les produits futurs attendus de ce
projet. Le montant non amorti des dépenses de développement d’un
projet doit être passé en perte dès que l’un des critères décrits
au paragraphe 21 pour l’inscription des dépenses de développement à
l’actif cesse d’être respecté. 37.
La réduction de la valeur comptable nette des dépenses de développement
relatives à un projet, destinée à les ramener à leur valeur récupérable,
est constatée en charges en réduisant la valeur brute de ces dépenses,
ou par la constitution de provisions s’il est jugé que la réduction
n’est pas irréversible. Informations à fournir38.
S’ils vérifient les conditions de pertinence, les renseignements
suivants doivent être fournis dans les états financiers : a.
les méthodes comptables adoptées pour les dépenses de recherche et de
développement ; b.
le montant des dépenses de recherche et de développement portées en
charges de l’exercice ; c.
les méthodes d’amortissement retenues ; d.
les durées de vie et les taux d’amortissement utilisés ; e.
un rapprochement du solde des dépenses de développement non amorties
en début et en fin d’exercice montrant : •
les dépenses de développement inscrites à l’actif conformément aux
conditions prescrites dans le paragraphe 21 ; •
les dépenses de développement constatées en charges conformément aux
paragraphes 26 et 36 ; •
les dépenses de développement affectées à d’autres comptes
d’actifs ; 39.
Les entreprises sont encouragées à inclure dans leurs états
financiers ou dans un autre endroit de leur rapport annuel une
description de leurs activités de recherche et de développement. Elles
sont également encouragées à décrire la base d’évaluation des dépenses
de développement capitalisées et mentionner les circonstances ou événements
ayant conduit à la constatation d’une charge pour tenir compte de la
dépréciation des dépenses de développement conformément au
paragraphe 36 et de la reprise éventuelle des provisions déjà constatées. Date d'application40.
La présente norme comptable est applicable aux états financiers
relatifs aux exercices comptables ouverts à partir du 1er Janvier 1999.
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